Le grand vide
- urbedall
- 21 févr. 2016
- 3 min de lecture
Voilà des au-revoirs qui ont été bien remplis. Nous sommes donc partis de la gare de Brest le cœur lourd de toutes ces marques d'amour et d'amitié.
Et soudain, le doute nous chatouille. Est-ce qu'on fait bien de partir ? Pour y faire quoi ? Nous avons beau vouloir lutter contre cette tare occidentale selon laquelle il faudrait toujours « faire » quelque chose, celle-ci nous rattrape à grands pas. Occidentaux nous sommes nés, occidentaux nous resterons...
Le pas de côté n'est pas toujours facile à faire. A partir d'aujourd'hui, il nous faut apprendre ou ré-apprendre cette délicieuse sensation de vivre au jour le jour, de profiter de tous les moments et de toutes les rencontres. Exercice délicat, tant nous n'avons fait que préparer ce voyage ces derniers temps, la tête prise par ce futur qui est dorénavant notre présent. Sautons donc avec allégresse dans ce grand vide !
Bon, finalement, nous n'avons pas sauté mais atterri. Encore que nous n'étions sûrs de rien tant l'avion a tangué au moment de l'atterrissage, bousculé par un orage du tonnerre – oui, l'image est à-propos. On s'est aussi demandé si la présence de Ramzy Bedia dans l'avion (si, si, l'acteur de « H », dis-moi pas que c'est pas vrai!) ne provoquait pas un attentat. En tout cas, tandis que ça virait à gauche, à droite, et que nous voyions des éclairs à travers le hublot, Maïa, elle, se réjouissait de ce manège imprévu, après tant d'heures de trajet qui avaient fini par la barber. Ses parents, un peu plus inquiets, ne se sont pas réjouis non plus du temps lorsque, enfin, la carlingue a pu se poser sur la piste d'atterrissage : le gros orage tant attendu par les Uruguayens après des semaines de sécheresse arrivait en même temps que les trois Bretons....
Aude, Normande baroudeuse ayant posé son baluchon avec sa fille de deux ans en Uruguay, nous accueillit les bras ouverts dans son pays d'adoption. Jamais les deux pieds dans le même sabot, elle a auto-construit sa petite maison uniquement avec de la récup' et s'est posé là, dans la grande (très grande) banlieue de Montevideo, après 7 ans de pérégrinations à travers l'Amérique Latine.
Banlieue est un terme assez inadéquat d'ailleurs : entouré d'arbres, à 1 km de la mer, l'environnement fait plus penser à la campagne des Landes avec l'odeur des pins et la chaleur, qu'à une ville de la périphérie parisienne.
Nous avons donc posé notre tente dans son jardin et profitons un peu de la douce vie uruguayenne et de sa tranquillité.
Après deux jours à s'acclimater, nous avons été visiter Montevideo hier. Cette ville nous a souvent été décrit comme peu « glamour », mais pour nous, la « ciudad vieja » (la vieille ville), avec ses bâtiments coloniaux défraîchis, parfois délabrés, donne ce charme populaire tellement puissant des villes de pauvres d'Amérique Latine. Ce petit air de La Havane, on l'a aussi ressenti dans la chaleur des gens, qui ne se lassaient pas de s'étonner de la carriole de Maïa, venant naturellement vers nous, curieux de découvrir cette curieuse poussette tout-terrain.
Un point négatif cependant : cette première virée à la capitale nous a démontré clairement que le « coût de la vie » (expression très moche, on en convient : la vie a-t-elle un « coût?) est pratiquement le même qu'en France. Pire : si on fait une comparaison en rapport qualité-prix, il est sans doute plus élevé ! Car à part la viande, qu'on a pu savourer dans le marché du port, les produits alimentaires sont globalement de moins bonne qualité. Après trois jours, on a hâte que Céline puisse nous faire son bon pain !
Et Maïa dans tout ça ? Telle une aventurière intrépide et insouciante, elle s'adapte à tout, adoptant sa carriole comme sa cabane, son lieu de sieste et son véhicule particulier. Sasha, la fille d'Aude, franco-uruguayenne donc, sera sa première copine sur le continent sud-américain. Passage en douceur avec une fille entre les deux mondes...









































Commentaires