Racisme ordinaire

De l'autre côté du monde, le racisme est également bel et bien vivace. Paul, Argentin, nous raconte comment, dans les cours d'histoire de l'école publique de son pays, il n'est question que des descendants européens, ces colons venus massacrer les peuples indigènes. Ceux-ci sont reléguées à la marge de la société, méprisés, tenants d'une Histoire qui n'intéresse personne.

Il y a quelques années sa chambre délabrée de la maternité de l'hôpital public uruguayen, Aude récupère tant bien que mal de l'accouchement éprouvant de Sasha. Ici, l'hôpital public est réservé aux déshérités, ceux n'ayant pas d'argent pour se payer une mutuelle et les cliniques privées qui vont avec. Trois jours après l'accouchement, la sage-femme censée s'occuper d'elle et de Sasha rentre dans la chambre et, comme d'habitude, intime des ordres, traitant d'incapables Aude et sa voisine, qui devraient déjà remercier l'assistance publique de leur offrir un lit et les soins primaires.

Soudain, elle s'approche d'Aude, et lit son nom sur son dossier. Son attitude se transforme : « vous êtes française ? ». Oui, et le papa est uruguayen, répond en substance Aude, toujours sous le choc d'un accouchement digne du 19ème siècle. Et pour la première fois, la sage-femme examine Sasha, dont elle s'occupait sans la voir depuis la naissance. Un sourire, qu'on croyait impossible sur un visage si ferme, illumine la pièce : « et par chance, c'est une petite blanche ».